AU-DELÀ DES APPARENCES : LA DIVERSITÉ DANS LA MODE, JUSTE UNE ILLUSION ?

Exit la pluralité ethnique, les seniors, les personnes de toutes tailles, genres, et handicaps qui composent le monde.

La représentation de la diversité dans la mode, juste une illusion ?

Lors des JO de Paris 2024, le metteur en scène Thomas Jolly a célébré la « diversité et l’inclusion ». Dans l’industrie de la mode, au-delà du brouhaha médiatique, le sujet est traité de manière superficielle. Alors que les marques et magazines affirment s’engager sur cette thématique, la question persiste : la diversité est-elle une véritable valeur portée par le secteur ou un simple levier de communication ?

En 2024, les couvertures inclusives des journaux féminins français relèvent encore de l’exception :

·       Marie Claire (mensuel) : 2

·       Vogue France (mensuel) : 0

·       Vanity Fair (mensuel) : 0

·       Elle (hebdomadaire) : 1

Une des stratégies dominantes pour afficher cette diversité consiste à utiliser des célébrités. Ces personnalités, souvent issues du monde artistique, sont sélectionnées pour leur notoriété et leur capital médiatique. Ce choix garantit aux magazines une visibilité accrue, tout en en suggérant l’éclectisme. Exposer les corps normaux ne fait pas vendre.

Au-delà de ces quelques couvertures, les pages intérieures des revues continuent de s’appuyer sur les standards de beauté traditionnels : minceur, jeunesse et blancheur. Les modèles qui ne correspondent pas à ces critères sont encore rares et généralement cantonnés à des numéros thématiques, comme ceux dédiés au body positivisme ou aux célébrations du mois des fiertés. Ce qui peut être perçu comme un engagement durable semble davantage répondre aux impératifs du marché et aux fluctuations des tendances. Exit la pluralité ethnique, les seniors, les personnes de toutes tailles, genres, et handicaps qui composent le monde.

Cette tendance se retrouve également dans les publicités. Prenons par exemple la campagne Dior-J’adore de 2024, qui met en avant la pop star Rihanna. Une de mes étudiantes m’a fait remarquer que dans cette campagne, Rihanna est représentée avec des cheveux très blonds, très lissés, une peau très dorée, et des yeux très clairs. Bien que choisie pour incarner la diversité, son image semble ajustée pour correspondre aux standards de beauté occidentaux, réduisant alors l’impact authentique de cette image.

https://www.youtube.com/watch?v=nPz-i2Lvh4E&t=2s

Aujourd’hui, l’inclusion dans la mode apparaît encore largement dictée par des considérations de visibilité et de profit, plutôt que par une volonté sincère de normaliser des corps et des identités plurielles. Tant que cette diversité se limitera à quelques célébrités soigneusement sélectionnées et que les structures de pouvoir au sein de l’industrie ne seront pas repensées, le véritable changement restera un mirage, juste une illusion.

Valérie de Mazières